Ce dimanche d'automne était idéal pour aller à la rencontre d'Anaïs Dein. Dans son atelier feutré, chaleureux, où l'odeur d'essence térébenthine domine, celle-ci nous accorde son temps afin de nous présenter ses œuvres et son parcours d'artiste.
Anaïs, merci de nous ouvrir les portes de ton atelier. Peux tu nous exposer ton parcours artistique ?
Dès mon enfance, je baigne dans un environnement artistique. Ma maman étant potière et mon papa peintre, j'ai eu l'envie d'évoluer dans ce domaine.
Souhaitant, avant tout, apprendre la peinture à l'huile et le dessin, je fis donc les Beaux Arts à Brest. Mais je fus vite déçue par l'enseignement consistant plus à nous faire parler sur nos propres réalisations qu'à nous enseigner véritablement une technique.
Ensuite, pendant deux ans, je suis des cours dans une école de publicité à Rennes. Ces deux années m'ont amenée une certaine rigueur au travers du travail de l'affiche, l'apprentissage de la composition et de la typographie.
Je prend par la suite des cours de peinture avec le peintre Joel Leboucher à Jugon Les Lacs.
J'effectue également deux ans de croquis d'après modèle vivant à l'atelier du Thabor à Rennes. La pose du modèle ne durant parfois que quelques secondes, il fallait réussir à capter au vol le mouvement. Ces deux ans m'ont permis d'apprendre à voir et à retranscrire la réalité en passant directement de l'œil qui perçoit à la main qui trace sans passer par l'intellect. Ces séances dont je ramenais à chaque fois de nombreux dessins m'ont permis de nourrir un travail de peinture grand format et de modelage sur le thème de la femme.
Crois tu que tu aurais pu en être là aujourd'hui, dans ta technique, sans ces rencontres ?
Je ne sais pas, mais j'avais besoin de personnes qui me donnent confiance pour me guider sur le chemin de la création.
" L'arbre parle sans mots. Questionner silencieusement. Ecouter avec les yeux."
Alexandre Hollan
Quelle est ta méthode dans la réalisation de tes toiles ?
Je réalise tout d'abord un croquis, que ce soit lorsque j'effectue une nature morte ou un paysage, afin de mettre rapidement en place la composition du dessin. Puis je travaille la couleur sur ma toile toujours avec le sujet devant les yeux et ce, pendant un certain temps jusqu'à m'en être totalement imprégnée et ne faire plus qu'un avec mon sujet. L'essentiel dans ce travail comme dans tout travail d'artiste, c'est l'intensité avec laquelle on vit l'instant présent pour ensuite le retransmettre au spectateur.
As tu des influences ?
De nombreux peintres et sculpteurs me touchent et me transportent au travers de leurs œuvres : Cézanne, Klimt, Morandi, Henry Moore. J'aime de temps à autre replonger dans leurs univers et m'en nourrir.
Te définis tu un univers ?
Je ne définis rien. Définir c'est fermer des portes et c'est plutôt triste. J'ai envie d'explorer l'univers artistique au travers de différents moyens d'expression, différentes techniques, différents thèmes. Un univers, c'est infini...
Quels sont tes projets futurs ?
Je vais mettre en pause la peinture à l'huile pour le moment et me tourner vers le modelage et le tournage. Travailler le thème de la danse à partir du chiffre trois, jouer avec les droites et les courbes, le mouvement des corps et le vide des espaces entre les corps m'inspirent. J'ai envie de prendre cette direction actuellement.
Mais bon, la terre a aussi des choses à me dire, et peut être qu'elle me mènera ailleurs.